La culture tibétaine est indissociable du bouddhisme, issu de l’hindouisme, aux sources duquel se trouve la religion de Shiva, ou Shivaisme, implantée en Inde avant même les invasions aryennes.
La doctrine Shivaiste se fonde essentiellement sur les Darshanas, trois couples « d’approches » dont chacun comporte une approche expérimentale et une approche intellectuelle, complémentaires. Chacun de ces couples correspond à l’un des Trois Mondes :
– Le monde grossier, visible, impermanent, celui de la matière et du corps, avec comme approche expérimentale la science et comme approche intellectuelle la logique.
– Le monde subtil intermédiaire, permanent, celui lié à l’âme, avec l’approche expérimentale du Yoga et l’approche intellectuelle liée à la cosmologie et à la connaissance du macrocosme en général.
– Le monde très subtil des « Principes », avec l’approche expérimentale basée sur les rites et les prières et l’approche intellectuelle liée aux questions métaphysiques.
A ces trois mondes correspondent les trois fonctions : productrice, guerrière et sacerdotale, d’où découlent les trois principales castes en Inde et les trois ordres de l’époque médiévale occidentale.
Au Ve siècle avant J. C. l’Occident connut le « miracle grec », qui vit le mode de connaissance analytique, logique, fondé sur le Logos, éliminer celui avec lequel il avait toujours coexisté : le mode de connaissance synthétique fondé sur le Muthos. Cette hégémonie du logos et de la logique allait permettre le développement technologique, mais nous fermait la porte de la connaissance « intuitive ». L’Orient connut une évolution analogue à la même époque, avec le développement du Bouddhisme en Inde, au détriment de l’Hindouisme. En Orient comme en Occident on oublie les « approches » liées au monde des principes. La mentalité scientiste et matérialiste s’impose et ignore la métaphysique. La science n’étant par définition pas à même de répondre aux questions métaphysiques telles que celle relative à l’existence de Dieu, le scientisme ne peut qu’être athée. Le Bouddhisme pourrait donc être vu comme une version athée et réductrice de l’Hindouisme. L’approche métaphysique a cependant survécu au sein d’une forme particulière du Bouddhisme, liée au Grand Véhicule, Mahayana, qui l’a sauvegardée et développée : le Vajrayana ou Bouddhisme Tibétain.