Gésar de Ling

Gesar, de la lignée de Ling, vécut vers le 11e siècle, au sein d’une tribu nomade de la vallée du Dza, au Tibet oriental. Il devint Roi sous le titre Senchen Norbu Dradultsal : « le grand lion qui exauce les souhaits et terrasse les ennemis ». Surnommé le Lion des neiges, il fut un grand chef de guerre, ayant remporté 18 grandes victoires sur les ennemis de son peuple. Sur cette réalité historique s’est greffé dès le 12e siècle un poème épique, les Droung, colporté par des sortes de « bardes », dont voici un résumé :

Le Roi son père, préférait la méditation à l’action. Son oncle Todong voulant attenter à la vie du jeune Tchoris (Gésar) pour obtenir le trône, sa mère partit avec lui vivre au loin, sous une tente, durant plusieurs années. Guru Rimpoche (Padmashambava) lui apparut et lui apprit qu’ils ne faisaient qu’un : lui-même enseignait le bouddhisme selon la voie de la méditation, Gésar de Ling devait enseigner celle de la vertu (de l’action). Guru Rimpoche lui révéla son devoir et son destin de Roi, qui supposait qu’il ait trouvé les armes sacrées cachées dans une caverne (Casque, bouclier, côte de mailles, arc, carquois, épée, javelot, fouet).

Guru Rimpoche suggéra magiquement à Todong, certain de gagner, d’organiser une course de chevaux ouverte à tous pour désigner le nouveau Roi. Gésar, âgé de 14 ans, pauvrement vêtu et moqué de tous, y participa avec son cheval magique Kyang Goeu Karkar, et à la surprise générale, il remporta la course et reçut le trône de Ling, après qu’on ait reconnu en cette prouesse la réalisation d’une prophétie augurant d’un avenir de paix et de prospérité.

La déesse Manéné (la sagesse) lui apparut. Elle lui indiqua comment trouver la caverne secrète où l’attendaient ses armes et un trésor : un vase de cristal, contenant l’Amrita ou breuvage d’immortalité, et lui demanda d’aller libérer les peuples voisins du joug de leurs tyrans. Ce qu’il fit. Après une longue période de paix et d’harmonie, les mauvais penchants des hommes reprirent le dessus, et Gésar repartit combattre : Au nord le doute et l’arrogance, à l’est les possessions trompeuses, à l’ouest les passions, au sud l’incertitude et la théorisation (les sophismes).

Gésar vainquit et tua le démon du nord Lutzen, malgré sa triple enceinte de protection. De retour après 6 ans il trouva son peuple opprimé par Todong, et sa femme remariée à Kourkar, roi de Hor. Il reconquit son royaume et pardonna à tous. Assisté de ses 7 guerriers suprêmes, il vainquit les trois autres Démons (Est, Ouest, Sud), fit triompher justice, paix et liberté, et se retira pour méditer. A 88 ans, il se serait élevé au ciel. Il doit revenir en 2424 (2287 de notre calendrier) sous la forme de Roudachakrin, 25e roi de Shambala, pour subjuguer les forces des Ténèbres et inaugurer un nouvel âge d’or.

Le Bardo Thödol

ou « Livre des morts tibétain ».

Littéralement : La Grande Libération par l’audition pendant le Bardo

(Etat intermédiaire entre mort et renaissance ou libération du Samsara)

Le Bardo Thödol fait partie de ces « trésors cachés » par Padmasambavha au VIIIe siècle, afin qu’ils soient « découverts » au moment opportun. Selon les écoles ces trésors étaient soit cachés physiquement, soit enfouis psychiquement dans l’inconscient des disciples, avec instruction de «réapparaître» quand le temps en serait venu. C’est Karma Lingpa qui aurait ainsi « découvert » le Bardo Thödol au XIVe siècle.

Il consiste en instructions détaillées, destinées à être étudiées en vue de se préparer à sa mort, ou à être lues au défunt dans les moments qui suivent son décès physique. Dans ce cas le Lama qui assiste le défunt adapte les passages à lire et le nombre des lectures, de 3 à 7, à la progression qu’il détecte du défunt dans le Bardo, afin de l’orienter vers une renaissance « positive ».

Ces instructions sont groupées en 3 sections :

  • Reconnaître la claire lumière du Bardo de la mort.
  • Reconnaître la nature de l’expérience durant le Bardo de l’être essentiel.
  • Reconnaître la méthode permettant de fermer la porte de la matrice durant le Bardo du devenir.(Afin d’éviter les renaissances inférieures)

Certaines formes de méditation tantrique permettent de séparer temporairement conscience et corps physique. Les fonctions vitales (respiration, battements du cœur…) sont alors considérablement ralenties, donnant l’apparence de la mort. Cet état de mort apparente serait identique à celui qui suit la mort physique, d’où les études tibétaines sur les états post mortem.

Un être spirituellement avancé, s’il n’est pas parvenu à la Libération de son vivant, peut le faire à son décès, en reconnaissant « l’esprit de claire lumière »; il n’a alors aucun besoin du Bardo Thödol. Le rituel du Powa (transfert de conscience) après son décès peut également lui permettre cette  Libération . Pour les autres : il convient de faire prendre conscience de sa mort au défunt, afin qu’il n’erre pas inutilement dans le Bardo, et de ne pas toucher à son corps pendant 3 jours, sa conscience encore présente pouvant s’en trouver précipitée dans une renaissance inférieure.

Le Bardo comporte 3 phases :

  • Le Bardo de l’agonie : dissolution de l’énergie par transformations énergétiques jusqu’à la mort physique.
  • Le Bardo de la réalité : expérience de « claire lumière » vécue au moment de la mort, souvent relatée par ceux qui l’ont approchée…
  • Le Bardo du devenir : progression s’ensuivant dès lors, comportant visions attirantes et visions terrifiantes, en recherche d’une renaissance propice. Cette recherche peut durer jusqu’à 7 fois 7 jours. Toutefois les funérailles peuvent avoir lieu dès le 4e jour.

Le rôle des proches est important : leur désespoir est nuisible au défunt en le distrayant du processus à suivre, alors que leurs vœux et prières lui sont une aide précieuse…

Les thangkas

« Objets que l’on déroule »

 Les Thangkas, caractéristiques de la culture tibétaine, sont généralement des peintures sur tissu, toile de coton ou soie, parfaitement adaptés à la vie nomade puisque aisément transportables une fois roulés. Certains sont tissés ou brodés. Ils représentent des divinités, des grands maîtres de la spiritualité tibétaine, des moments de la vie de Bouddha ou des mandalas. Les plus anciens connus datent du XIIe siècle. Chaque famille tibétaine possède au moins un Thangka, accroché à l’intérieur de la maison ou de la tente.

Les Lamas mani, enseignants itinérants qui sillonnaient le Tibet depuis de nombreux siècles jusqu’à l’invasion chinoise de 1959, en transportaient toujours avec eux afin d’illustrer leurs enseignements oraux. Ces Thangkas ne sont toutefois pas de simples images, mais servent aussi de supports pour la méditation, et constituent en quelque sorte des « fenêtres » ouvrant sur l’au-delà, sur le monde transcendant, et donc susceptibles sous certaines conditions d’en permettre l’accès.

La réalisation des Thangkas par des artistes ou des moines, traditionnellement anonymes, est très codifiée : sujets, proportions, couleurs sont strictement définis, afin que l’enseignement ancestral qu’ils véhiculent ne soit jamais dénaturé. Des rites président au commencement de la réalisation du Thangka ainsi qu’à la cérémonie de sa consécration finale : le rab-né. Un mantra, « Om Ha Houng », est en cette occasion inscrit au dos de l’œuvre par un Lama qui lui insuffle en quelque sorte la vie. Sans cette consécration, le Thangka ne serait qu’une peinture profane sans valeur ni efficacité spirituelle.

Les bols chantants

L’origine de ces bols également appelés « bols guérisseurs » est attestée en Asie aux alentours de 2000 ans avant Jésus Christ. Leurs forme, couleur, profondeur varient ainsi que leur composition, mais celle-ci est traditionnellement un alliage de 7 métaux : or, argent, mercure, cuivre, fer, étain et plomb ; ce sont les proportions respectives de ces métaux qui varient le plus et en conditionnent donc la « valeur » marchande ; ces 7 métaux sont souvent mis en rapport avec les 7 « planètes » traditionnelles visibles à l’œil nu que sont : Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, et peuvent l’être également avec les divers septénaires bien connus de la science des symboles. Ce nombre 7 représente une forme de « totalité », que ce soit par exemple celle des jours de la semaine ou d’autres plus vastes cycles cosmologiques, ou bien encore celle de l’espace avec ses 6 directions plus le point central d’où elles sont considérées, ainsi bien sûr que les 7 Chakras : les 6 Chakras « corporels » plus le 7e dit « coronal », et les 7 « Dwipas » ou états spirituels que l’on doit atteindre successivement pour parvenir à la « réalisation spirituelle ».

Ces bols peuvent être comme bols d’offrande, ou pour le son et les vibrations qu’ils produisent lorsqu’on les fait « chanter ». Le « chant » des bols peut être obtenu, soit en les frappant avec le bâton généralement fourni avec, soit en faisant tourner régulièrement et lentement ce bâton tenu d’une main sur le bord extérieur du bol tout en maintenant un contact continu et appuyé entre bâton et bol, le bol étant posé sur la paume de l’autre main tendue bien à plat, sans que les doigts ne le touchent.

Les sons et vibrations produits peuvent l’être à des fins d’aide à la méditation, à la relaxation, à une forme de massage sonore, le « massage tibétain », et plus généralement à des fins thérapeutiques, en complément à la médecine tibétaine traditionnelle, par le biais de leurs influences sur les Chakras notamment.

Une relaxation complète à l’aide des bols chantants se fait en 7 phases traitant : la tête, les bras, la nuque, le visage, le dos, le buste (poitrine et abdomen), le cou. Les effets attendus de ce type de traitement sont une augmentation de l’équilibre, notamment entre les deux hémisphères du cerveau, de l’énergie, de la créativité, de la force vitale et de la confiance en soi, une réduction des tensions et émotions perturbatrices, du stress, et une harmonisation des domaines corporel, psychique et spirituel.

Le chorten

Monument bouddhique originellement funéraire très fréquent au Tibet, isolé ou en groupes, en plein désert comme en zone peuplée, de taille très variable, le chorten – ou « stupa » en sanskrit – peut contenir des reliques de « saints » ou des textes sacrés, ou bien marquer un lieu particulier.

Sa forme générale est toujours la même et recouvre une signification symbolique riche. Les 4 marches autour de la base représentent la communauté bouddhiste :le Sangha, la base cubique l’enseignement du Bouddha :le Dharma, la coupole représente le Bouddha lui-même.

Base cubique, coupole et ornementation supérieure représentent également les « trois mondes », reliés par l’axe central du monument. Les 13 disques au dessus de la coupole représentent les 13 états supra-humains.

Le Chörten symbolise encore les 4 éléments constitutifs de notre monde ainsi que le 5e élément : le principe dont ils émanent. La base représente l’élément terre, la coupole l’élément eau, les disques l’élément feu, la demi-lune au dessus l’élément air et le soleil avec la flamme au sommet l’éther primordial. Terre, eau et air peuvent être mis en relation avec les 3 corps et les 3 mondes, grossier, subtil et très subtil, le feu assurant la possibilité du passage de l’un à l’autre, de même que la chaleur assure le passage de la matière de l’état solide à l’état liquide puis à l’état gazeux : du grossier au subtil puis au très subtil…

Chacun de ces éléments représente également une étape sur le cheminement spirituel, qui consiste à partir de l’élément grossier terre pour rejoindre le principe de toutes choses, l’éther, c’est-à-dire à remonter le processus de manifestation de l’univers jusqu’à son principe.

Les Tibétains déambulent régulièrement autour des Chörten, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre, sens de la marche apparente du soleil autour de la terre, par souci d’harmonie avec les lois naturelles.

Astrologie tibétaine

La civilisation tibétaine accorde une large place à l’astrologie, ce qui induit chez nombre d’occidentaux une certaine ironie, mêlée de condescendance, peut-être due à notre méconnaissance de ce qu’est véritablement l’astrologie traditionnelle, bien loin des résidus dévoyés qu’en sont nos « horoscopes ».

L’astrologie traditionnelle est fondée sur les lois du symbolisme, synthétisées par la formule « analogie du microcosme et du macrocosme« , par l’aphorisme biblique « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut« , ou encore par la formule alchimique « VITRIOL« , dont la traduction à partir du latin est : « Visite l’intérieur de la terre, et, en rectifiant, tu trouveras la Pierre cachée« , c’est à dire « observe les réalités matérielles et, par analogie, tu comprendras les principes métaphysiques ».

Le symbolisme permet d’évoquer, à l’aide de réalités sensibles connues de tous, les réalités indicibles, inexprimables par le langage commun parce que relevant d’un ordre supérieur à celui dont relève ce langage. L’objet d’ordre sensible devient un outil de présentification dans le monde sensible de ces réalités qui le dépassent.

Dans la perspective traditionnelle, toute réalité sensible est donc de surcroît l’expression, dans cet ordre sensible, de réalités relevant de l’ordre supérieur des principes. Comme pour les poupées russes s’encastrant les unes dans les autres : chacune correspond à un ordre de grandeur différent, mais chacune est la représentation, dans son ordre propre, du modèle initial.

Ainsi les mouvements des planètes peuvent ils être, outre leur réalité propre, symboliques des principes qui structurent notre univers. Leurs mouvements et positions respectives présentent la particularité de pouvoir être connus dans le passé et prévisibles dans l’avenir avec une grande précision et sur des échelles temporelles importantes. Ne pouvant connaître directement les « tendances » des principes dont chaque événement ou chaque être est, dans son ordre particulier, la manifestation, l’astrologie utilise comme référence analogique cette autre manifestation de ces mêmes principes qu’est le mouvement planétaire. Les mouvements des planètes ne sont donc aucunement causes des influences reçues par les êtres ou les événements, mais ils sont représentatifs, dans l’ordre cosmologique, de ces influences.

L’Astrologie Traditionnelle est donc un outil permettant l’approche de la connaissance des liens existant entre les principes métaphysiques et les êtres que nous sommes, par l’intermédiaire de la cosmologie.

La famille tibétaine traditionnelle

La famille regroupe 3 générations sous un même toit, ainsi que des collatéraux chez les nomades. Elle s’insère dans une structure clanique, différente selon qu’il s’agit de nomades ou de sédentaires.

Plusieurs types d’union sont possibles : la plus répandue, la monogamie, côtoie encore la polygamie sororale, dans laquelle plusieurs sœurs ont le même mari, ou la polygamie fraternelle dans laquelle plusieurs frères ont la même épouse. Cette dernière assurait la sécurité matérielle de la mère et des enfants en cas de disparition du père. Aujourd’hui la polygamie tombe en désuétude. La société tibétaine connaît une réelle liberté sexuelle, les relations avant mariage y ont toujours été tolérées. L’adultère est toutefois fortement blâmé !

Le mariage et ses cérémonies sont régis par la coutume populaire et non par la religion. Un cérémonial complexe régit les liens entre les familles, selon des règles strictes : pas d’union entre membres d’un même clan, en raison de l’existence d’un ancêtre commun.

Souvent arrangés par les familles, les mariages se font généralement au sein d’une même classe sociale. L’astrologue y joue un rôle important : si le thème astral du futur couple révèle une incompatibilité, l’union n’aura pas lieu. Quand les astres sont favorables, les cérémonies peuvent débuter : Les frères du futur époux rendent visite aux parents de la jeune fille et offrent de la bière. Si les parents acceptent, sont alors discutées les modalités du mariage, variables selon les régions. La veille de la cérémonie, les parents du futur marié envoient des cadeaux à la famille de l’épousée. La future mariée est ensuite menée à cheval jusqu’à la maison de ses beaux-parents, où elle est accueillie par sa belle-mère après que des rituels destinés à éloigner les démons aient été pratiqués. Les festivités peuvent alors commencer.

 Chef de famille à part entière, la femme participe aux décisions et tient souvent les cordons de la bourse. Sa dot et ses bijoux lui appartiennent en propre, et elle les emporte avec elle en cas de divorce. Le remariage est toujours possible.

Les enfants participent très tôt aux tâches quotidiennes : les garçons gardent les troupeaux, les filles participent au tissage et au filage, à l’élaboration et à la vente des produits laitiers.

Quelques jours après la naissance, l’astrologue dresse le thème natal de l’enfant et fixe les dates de bon augure pour sa première sortie et pour le don de son nom.

Un nom provisoire peut être attribué en attendant qu’un lama ou un proche particulièrement respectable attribue à l’enfant son nom définitif.

Les noms : Les tibétains en ont deux, mais aucun n’est de « famille » ; la syllabe terminale du second dépend du sexe : « mo » ou « ma » pour une fille, « po » pour un garçon. Les prénoms féminins reflètent généralement la grâce ou la beauté, les prénoms masculins la virilité ou l’idée de propagation et de défense de la religion : Sangmo (douceur), Sangpo (sincère). Certains noms sont des mots usuels simples : Namkha (ciel), Mentok (fleur), ou composés : WangChuk (riche en pouvoirs). Ils peuvent également évoquer la religion : Tenzin (détient la doctrine de la religion), prénom de l’actuel Dalaï Lama, est largement attribué, aux filles comme aux garçons.

L’alimentation

« Considérer les aliments comme un médicament

En user sans désir et sans haine

Ni pour s’en glorifier, ni pour dominer

Et non plus pour s’embellir, juste pour survivre. »

Benedicite populaire, par le Maître Nagarjuna, II°-III° siècle ap.J.C.

 

Les Tibétains consomment laitages, viande et céréales, mais peu de légumes, difficiles à cultiver sous leur rude climat. Le végétarisme prôné par le Bouddhisme n’est qu’une recommandation « pour ceux qui le peuvent ».

La plupart des Tibétains mangent trois fois par jour : le repas du matin se compose en général de tsamtuk, une soupe de tsampa, accompagnée de plusieurs tasses de thé chaud au beurre. Un second repas est pris à midi, et un léger dîner le soir.

Le thé tibétain préparé dans une baratte et servi dans une tasse en bois, contient du beurre et du sel. Après l’avoir servi, on le laisse reposer avant de le boire. Un Tibétain peut en boire jusqu’à quarante tasses par jour.

La bière tibétaine ou chang est brassée à partir de riz, froment, avoine, millet ou orge grillés qu’on laisse fermenter puis vieillir plusieurs semaines.

La tsampa, farine tibétaine généralement préparée avec de l’orge, mais parfois avec du blé, du millet, de l’avoine ou même du soja, constitue le plat principal. Les grains sont grillés puis réduits en farine avec une meule en pierre, ensuite mélangée à de l’eau ou du thé. Le Tsamtuk du matin est une soupe de Tsampa avec beurre, sel, éventuellement des graines de soja grillées, du chura (fromage sec), de la viande séchée ou du tsilu (lard sec).

Le drésil, est consommé à l’occasion du Jour de l’An ou LOSAR, d’un mariage ou d’une fête. Du riz cuit additionné de beurre, noix de cajou, raisins secs et sucre, est servi avec un grand bol de yaourt.

Les Kapsé sont des beignets faits de farine blanche (3 tasses), de farine de blé complet (3 tasses), levure (3 cuillères à café), lait écrémé (3 tasses) et sucre roux (4 cuillères à café), passés à la friture.

La viande : Les Tibétains en consomment, mais de préférence celle de gros animaux, afin d’avoir à en tuer le moins possible. Elle est souvent utilisée en boulettes, en pâtés, en farce de momo (ravioli cuits à la vapeur).

Le Jour de l’An, le plat principal est le luggo(tête de mouton).

Laitages : Les Tibétains font du sho, yaourt à base de lait de vache, de dri (femelle du yack) ou de dzomo (hybride yack+ vache). Le chura, fromage frais ou sec, tient une place importante dans la cuisine tibétaine.

 

Les fêtes traditionnelles

La culture tibétaine est imprégnée de religion, aussi toutes les fêtes tibétaines ont-elles un caractère religieux. Le calendrier tibétain étant lunaire, ces fêtes ne tombent pas à dates fixes selon nos calendriers solaires. Nombreuses, elles se déroulent toujours dans une atmosphère très joyeuse.

La principale de ces fêtes est Losar, le nouvel an tibétain, qui se déroule sur trois jours :

La veille, après des danses rituelles, les Lamas brûlent en public le Goutor, une sculpture géante représentant les mauvais esprits ou tendances négatives. Chacun nettoie sa maison, puis dépose loin de celle-ci des boules de Tsampa que l’on a frottées sur son corps pour en ôter les résidus négatifs de l’année.

 

Le 1er jour, Lama Losar ou nouvel an des Lama, est consacré à l’autorité spirituelle :

Cérémonie sur le toit du Potala pour remercier la déesse Palden Lhamo de sa protection, et présentation des vœux au Dalaï Lama.

Le 2e jour, Gyalpo Losar ou nouvel an des Rois honore le pouvoir temporel. Le Dalaï Lama recevait les dignitaires laïcs. Chacun présente ses vœux aux amis.

Le 3e jour, des prières sont adressées aux Dieux Gardiens du Tibet, pour une nouvelle année féconde, et l’on installe des drapeaux à prières neufs sur les toits.

Débute alors une nouvelle fête : Mönlam Chemno, ou fête de la grande prière, qui pendant 3 semaines voit se dérouler de grands débats philosophiques suivis de remises de diplômes. Le 25e jour a lieu une procession derrière la statue de Maitreya, le Bouddha dont on attend le retour historique.

Le 15e jour du 5e mois débute la fête de Lingka, consacrée à Padmasambhava. Des tentes sont dressées dans la forêt de Lingka, où l’on pique-nique plusieurs jours en admirant des spectacles de danses.

Le 1er jour du 7e mois, la fête de Shoton voit se dérouler un festival d’opéra tibétain. A l’origine il s’agissait d’offrir du shoton ou yaourt aux moines qui avaient passé tout l’été sans sortir de leurs monastères.

Au 8e mois Ongkor est l’occasion de demander de bonnes récoltes. S’y déroulent courses de chevaux, tir à l’arc, lutte, lever de pierres, danses et chants.

Le 15e jour du 10e mois, au cours de Belha Rabzohl, le portrait d’une divinité féminine est promené autour du monastère du Jokhang à Lhassa.

Le 25e jour de ce même mois, la fête des Lampes commémore l’atteinte du nirvâna par Tsongkapa, avec illumination des temples et maisons.

Les peintures traditionnelles

L’art tibétain, empreint d’influences indiennes, chinoises et népalaises, ne ressemble à aucun autre. Fresques, thangka, statues et statuettes, indissociables du bouddhisme, servent de support à la prière, à la méditation et aux rituels.

Les fresques

Les peintures murales les plus anciennes remontent au XIe siècle.

Les canons iconographiques, codifiés par Le « Tchitralakshna » (manuel de peinture inclus dans le Kanjyur et le Tanjyur) sont précis et restrictifs: préalablement à l’exercice de son art, le peintre reporte la figure de la divinité dans un réseau de lignes selon des mesures traditionnelles immuables. La liberté de l’artiste reste toujours subordonnée au rythme de ces lignes directrices.

Les Thangka

« Objets que l’on déroule », il s’agit de peintures sur tissu, coton ou soie, d’un transport aisé adapté à la vie nomade une fois roulées. Des Lamas itinérants en transportaient pour illustrer leurs enseignements. Elles représentent des divinités, des épisodes de la vie de Bouddha ou des mandalas.

Leur réalisation est soumise aux mêmes règles que la peinture. Les couleurs sont appliquées d’abord au fond ou au paysage puis au visage de la divinité. Plusieurs peintres, aides et apprentis peuvent y travailler, chacun selon sa spécialité. La dernière phase, « l’ouverture des yeux », est réservée à un lama qui en trace la pupille et consacre l’oeuvre par l’inscription d’un mantra au dos, au cours de la cérémonie dite « Rab-né ».

La statuaire

Différentes techniques, connues depuis le Xème siècle, sont employées : moules de terre cuite, cire perdue, cuivre repoussé, bronze, bois, ivoire …Sous l’influence de la culture népalaise, la plupart des statues, parfois de grande taille et de forme compliquée, généralement dorées, sont incrustées de pierres précieuses ou semi-précieuses. Souvent creuses, elles servent alors de reliquaires.

Les « tsha-tsha », miniatures d’objets sacrés, sont réalisés en terre crue séchée.

La maîtrise de l’art du bronze, et la subtilité des alliages (or, argent, cuivre, étain, fer…) se révèle également au travers des décors des toits des monastères, des reliquaires, des instruments de musique, des couvertures de livres. Certains objets usuels sont de véritables œuvres d’art.

La plupart des temples et monastères furent rasés pendant la révolution culturelle chinoise des années 60, leurs trésors artistiques détruits ou emportés par les Chinois. Ils en réinstallent depuis quelques années dans des musées qu’ils construisent au Tibet. Certains collectionneurs, notamment des exilés, envisagent d’y envoyer certaines de leurs pièces afin que les Tibétains puissent se réapproprier leur patrimoine culturel.

Le musée Guimet à Paris regroupe d’importantes collections d’art tibétain.