Le panchen-lama

Le Panchen Lama, « second hiérarque tibétain », est beaucoup moins connu que le Dalaï Lama, chef spirituel et politique du Tibet, en exil suite à l’invasion chinoise de 1950.

En 1642, le 5e Dalaï Lama devient le chef temporel du Tibet, c’est-à-dire son dirigeant politique. L’empereur chinois à cette époque le reconnaît comme son maître spirituel, et s’en fait le protecteur.

S’institue dès lors ce lien particulier, le Tcheuyeun , entre le premier des Lamas, tibétain, représentant « l’autorité spirituelle », et son protecteur laïc, chinois. Ce lien ne sera rompu qu’au 20e siècle, et la Chine communiste et athée n’en retient plus que l’idée, pervertie, d’une soumission tibétaine au pouvoir politique et militaire chinois.

Lobsang Tcheuki Gyaltsen, abbé du grand monastère de Tashilunpo, près de Shigatsé, avait été en quelque sorte le tuteur et le maître spirituel du 5e Dalaï Lama . Ce dernier lui conféra, et ce pour la première fois, ce titre de Panchen Lama, titre qui sera attribué rétroactivement à ses trois incarnations précédentes.

Le mot Panchen est un composé des mots « Pandita », qui signifie « érudit », et « chenpo », qui signifie « grand ». Le Panchen Lama est donc le « Grand Erudit ».

Le Panchen Lama, qui réside à Tashilunpo, n’a pas d’activité politique ou « temporelle », contrairement au Dalaï Lama, qui lui réside normalement au Potala, à Lhassa. Tous deux appartiennent à l’école Gelougpa

Le Panchen Lama est dit être la réincarnation (on pourrait dire la manifestation) d’Amitabha (Eupamé en tibétain), le Bouddha de la Lumière Infinie.

Le Dalaï Lama est lui la réincarnation d’Avalokithesvara (Chenrezi en tibétain), le Bodhisattwa de la Compassion, protecteur du Tibet

Amitabha était le maître spirituel d’Avalokithesvara , et c’est donc ce même rapport de maître spirituel à disciple qu’eurent à leur tour 4e Panchen Lama et le 5e Dalaï Lama, ainsi que leurs successeurs depuis…

Ce « tandem » n’a depuis jamais cessé de fonctionner, même si les Chinois ont souvent tenté de les dresser l’un contre l’autre, afin de « diviser pour mieux régner ».

En 1989, le 10e Panchen Lama décède à Shigatsé. Sa réincarnation est alors recherchée selon les formalités habituelles, et le 14 mai 1995, le Dalaï Lama reconnaît comme 11e Panchen Lama le jeune Guendun Tcheukyi Nyima, né le 24 avril 1989 à Lhari dans une famille paysanne.

En juillet 1995, les Chinois enlèvent le jeune Panchen Lama, ainsi que sa famille. Ils le détiennent depuis dans un lieu ignoré, ce qui en fait toujours aujourd’hui le plus jeune prisonnier politique au monde. Les Chinois ont ensuite organisé un tirage au sort truqué, qui désigne en novembre 95 comme Panchen Lama un autre enfant du même village et du même âge.

Le calcul chinois est simple : Puisque c’est le Panchen Lama qui aura, à la mort de l’actuel Dalaï Lama, à trouver et reconnaître son successeur, il y en aura bien un d’assez docile, sur les deux  Panchen Lamas dont ils disposent désormais, qu’ils éduquent et conditionnent, pour lui choisir un successeur docile et disposé à appliquer la politique chinoise, jusqu’à entériner la disparition pure et simple du Tibet !

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