Les Trois Mondes, indissociables puisque constitutifs de ce « Tout » qu’est notre univers, sont cependant hiérarchisés, puisque le Monde très subtil est le principe du Monde grossier, qu’il manifeste ou « crée » par l’intermédiaire du Monde subtil., le tout constituant trois ordres de réalité.
Cette hiérarchie se traduit dans la culture tibétaine dans différents domaines :
- Les trois éléments ou « corps » constitutifs de l’homme : Cheukou, Longkou et Tulkou
- Les trois niveaux du temple bouddhiste, le Lhakhang ou demeure des dieux.
- Les trois niveaux d’une maison traditionnelle tibétaine : le rez de chaussée destiné aux animaux, qui représentent le monde grossier, l’étage unique occupé par les hommes, qui représentent l’ordre intermédiaire, et le toit en terrasse, où sont placés les « drapeaux de prières » (les loungta ou chevaux de vent), destiné aux « Divinités », représentant le monde très subtil, le domaine spirituel.
De cette hiérarchie des trois ordres de réalité découlent quelques règles élémentaires du savoir-vivre tibétain :
S’il est nécessaire d’enlever ses chaussures pour pénétrer dans un temple tibétain, ce n’est pas pour de banals motifs de « propreté » : les chaussures sont au contact permanent du sol, de la « matière », et donc du monde grossier, de l’ordre de réalité le plus inférieur. Ces réalités grossières, respectables dans le domaine profane, n’ont pas leur place dans le domaine sacré, celui de l’ordre de réalité très subtil, le plus élevé.
C’est également parce que les pieds sont la partie du corps en contact avec le monde grossier qu’il est inconvenant au Tibet d’enjamber tout objet cultuel, tout texte sacré, tout homme et même toute partie reposant sur le sol de la robe d’un moine. Lorsque l’on est assis sur le sol, il est tout aussi déplacé, pour les mêmes raisons, d’étendre les jambes en direction d’un objet de culte, d’un moine ou d’un Lama, ce qu’évite naturellement la position assise jambes croisées traditionnelle des Tibétains…