« Objets que l’on déroule »
Les Thangkas, caractéristiques de la culture tibétaine, sont généralement des peintures sur tissu, toile de coton ou soie, parfaitement adaptés à la vie nomade puisque aisément transportables une fois roulés. Certains sont tissés ou brodés. Ils représentent des divinités, des grands maîtres de la spiritualité tibétaine, des moments de la vie de Bouddha ou des mandalas. Les plus anciens connus datent du XIIe siècle. Chaque famille tibétaine possède au moins un Thangka, accroché à l’intérieur de la maison ou de la tente.
Les Lamas mani, enseignants itinérants qui sillonnaient le Tibet depuis de nombreux siècles jusqu’à l’invasion chinoise de 1959, en transportaient toujours avec eux afin d’illustrer leurs enseignements oraux. Ces Thangkas ne sont toutefois pas de simples images, mais servent aussi de supports pour la méditation, et constituent en quelque sorte des « fenêtres » ouvrant sur l’au-delà, sur le monde transcendant, et donc susceptibles sous certaines conditions d’en permettre l’accès.
La réalisation des Thangkas par des artistes ou des moines, traditionnellement anonymes, est très codifiée : sujets, proportions, couleurs sont strictement définis, afin que l’enseignement ancestral qu’ils véhiculent ne soit jamais dénaturé. Des rites président au commencement de la réalisation du Thangka ainsi qu’à la cérémonie de sa consécration finale : le rab-né. Un mantra, « Om Ha Houng », est en cette occasion inscrit au dos de l’œuvre par un Lama qui lui insuffle en quelque sorte la vie. Sans cette consécration, le Thangka ne serait qu’une peinture profane sans valeur ni efficacité spirituelle.