Les rites funéraires

Au Tibet cohabitent diverses pratiques funéraires : inhumation, immersion, manducation par des oiseaux de proie, crémation, certaines plus pratiquées que d’autres et avec des disparités régionales. Il y a là une forme de« complétude », chacun des rites renvoyant à l’un des quatre éléments constitutifs de l’univers : terre, eau, air (par l’intermédiaire des oiseaux) et feu.

Le choix du rite dépend de la personne du défunt : ainsi l’immersion sera souvent pratiquée pour un jeune enfant, la crémation plutôt réservée aux religieux. Pour les autres cas, s’est généralement l’astrologue qui détermine le rite à utiliser en fonction de la personne concernée, de son état d’avancement spirituel et du moment de sa mort.

Le rite le plus pratiqué est celui des funérailles célestes : Il est vrai que dans de nombreuses régions du Tibet, en raison du gel, qui s’oppose autant à l’inhumation qu’à l’immersion, et du peu de bois disponible pour les crémations, ce rite «aérien » paraît le plus adapté.

Le Ragyapa, personnage que la population ne fréquente pas mais nourrit, et dont c’est la fonction, transporte le cadavre à l’écart du village, dans un lieu spécifique, et le dépèce pour en livrer chair et os aux vautours. Il recouvre le corps de farine d’orge, destinée à absorber le sang que l’on ne doit pas voir. Le Ragyapa récite ensuite quelques mantras, puis danse autour du corps, tenant en main gauche une queue de yack et une flûte taillée dans un fémur humain, dont il joue, et en main droite une clochette, destinée à alerter et se concilier les « gardiens » du lieu. Il coupe ensuite la tête du défunt avec un grand couteau et l’écarte en la protégeant des vautours. Puis il découpe le reste du corps. Pendant ce temps un membre de la famille tient les vautours à distance avec un bâton. Un feu est alors allumé, et on laisse les vautours approcher. S’ils partent, c’est que le cadavre n’est pas « bon » et de nouveaux rites s’imposent. Sinon ils le dévorent, ne laissant que les os. Le Ragyapa reprend la tête, la place dans une pierre creusée et l’écrase à coups de bâtons, la mélangeant à de la farine. Les os, rassemblés, sont broyés avec et le tout livré à nouveau aux vautours. L’homme s’est ainsi fait nourriture dans la chaîne de la vie…

Après sa mort, l’être entre dans le bardo (littéralement : l’intervalle), où il séjourne 49 jours. La famille veille à maintenir le mort « éveillé » jusqu’à ce terme fatidique, en lui récitant les textes du Bardo Thödol, qui sont des encouragements et instructions destinés à permettre sa réincarnation. Si celle-ci ne survient pas à l’issue de cette période, le mort errera alors comme un fantôme. Il s’agit dans ce cas d’un échec, sans aucun rapport avec cette possibilité qu’ont les êtres les plus avancés spirituellement d’échapper, à leur mort ou même de leur vivant, au cycle des renaissances. Un rituel spécifique pratiqué au terme des 49 jours permet de savoir si le mort s’est ou non réincarné.

 

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